
Approche
Présentation du collectif des commissaires autochtones
« Ce que j’aime dans le rôle de commissaire, c’est l’idée de prendre soin, d’accueillir. Je suis dévouée à l’art et j’aime me consacrer aux artistes. Je défends nos conditions, souvent précaires. Je cherche à ce que l’on soit justement payé, et que l’on vit dans de bonnes conditions. J’amène les artistes à se questionner autour d’un thème, de leur médium et de leur pratique. Dans un cadre sécuritaire, je tente de les conduire vers un dépassement ou vers d’autres disciplines. Au fil du temps, je me suis découvert un don, celui de voir la capacité artistique des gens sans même qu’eux en soient nécessairement conscient. Et, j’arrive même à leur faire croire. Quand je m’occupais du festival de contes et légendes Atalukan, j’ai souvent guidé des artistes sur le terrain du conte et ils ont relevé le défi avec brio. Les créateurs autochtones ont une facilité à développer plusieurs cordes à leur arc. Accompagner les artistes à leur rythme, selon leur besoin, c’est ce qui m’intéresse le plus dans le rôle de commissaire. Comme dans ma pratique d’artiste in-situ et d’art-thérapeute, je m’adapte selon la personne, le contexte et le lieu dans une approche de bienveillance, comme le faisaient nos ancêtres. »
https://zoneoccupee.com/ tirée du texte : Quelques réflexions sur une vision ilnue de l’art Zone occupée, no 23
Projets à long terme
ESHI UAPATIKA ISHKUEUATSH TSHITASSINU / Regards de femmes sur le territoire.
Le projet Eshi uapatika ishkueuatsh tshitassinu / Regard de femmes sur le territoire que j’ai proposé au Lobe à titre de commissaire, consistait en une programmation singulière, entièrement constituée d’artistes autochtones d’ici. Toutes Pekuakamiulnushkueuatsh (femmes ilnues du Lac-Saint-Jean), elles sont issues de diverses disciplines en art actuel et intègre dans leur pratique la culture ancrée dans le tshitassinu territoire.
Chaque territoire a sa propre langue, son propre langage. Le Saguenay-Lac-St-Jean est un territoire occupé par les Ilnuatsh depuis des millénaires. Ces derniers l’ont parcouru de long en large, ont nommé chaque rivière et chaque montagne en lien avec les particularités de chaque lieu. Les Ilnuatsh entretiennent une relation puissante et profonde avec le territoire avec la reconnaissance que ce dernier est le lieu où l’on puise sa nourriture, ses remèdes et ses matériaux pour la fabrication d’habitation et d’objets divers. Cette relation de dépendance au territoire, empreinte de respect, s’est maintenue dans un espace où l’imaginaire était omniprésent. Le territoire que l’on habite nous forge et nous détermine. Nos contes et nos mythes se rattachent à lui. Ancrage de notre culture, de notre identité et de notre imaginaire, le territoire est aussi un lieu de rencontre.
C’est à partir de cette idée reliée à l’imaginaire, au territoire et ses influences sur l’artiste et son processus que j’ai poussé la réflexion, le questionnement sur l’apport de ma nation à l’art contemporain et/ou au processus créatif : Quel est l’espace qui sépare ou qui unit l’art actuel et les pratiques artistiques traditionnels des Pekuakamiulnuatsh ? Est-ce que ces pratiques existaient déjà et si oui de quelle façon ? Comment se vivent-elles aujourd’hui chez les artistes ? Qu’est-ce qui définit un artiste actuel ou un artiste autochtone ?

Ces réflexions se sont faites à travers des rencontres avec l’ensemble des femmes artistes, sur chaque résidence, accompagnée de la chercheure et professeur au Département d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, Caroline Nepton-Hotte, aussi issue de ma communauté.
Commissaire en résidence au centre d’artiste le LOBE 2021-2022
Artistes : Soleil Launière et Sophie Kurtness et Marie-André Gill.
https://www.ledevoir.com/culture/781317/arts-visuels-le-territoire-imaginaire
AKI ODEHI / CICATRICES DE LA TERRE-MÈRE
Centre d’exposition de Val-D’Or et Centre d’amitié de Val-D’Or
commissaire Sonia Robertson, 2016 à 2018
Suite à la dénonciation des abus faits dans les pensionnats indiens, le gouvernement canadien a tenté une réconciliation avec les Premières Nations. Il a mis en place des programmes et des fonds pour des projets soutenants. Le contexte actuel vécu par ces derniers, force à nouveau les gouvernements à faire un retour sur les événements afin d’amener une compréhension plus profonde de la situation et peut-être, enfin, de rétablir l’histoire. L’émergence des commissions d’enquête tant nationales que provinciales met en lumière le racisme systémique qui découle de la Loi sur les indiens. À Val-d’Or, le Centre d’amitié autochtone fut précurseur dans la dénonciation de la discrimination faite aux femmes autochtones, en les soutenant lors du reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada qui eut un fort impact.
Le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or est porteur du projet Aki odehi | cicatrices de la Terre-Mère qui s’inscrit dans cette volonté de réconciliation, ou plutôt, de réparation. Pour qu’il y ait réconciliation, il doit avoir eu conflit entre deux partis. Dans le cas des Premières Nations du Canada, c’est plutôt de l’abus de pouvoir d’un peuple sur un autre; c’est un génocide déguisé et rendu socialement acceptable. Voilà pourquoi on devrait parler plus justement de réparation.
Aki odehi est un projet rassembleur, qui vise la réparation à travers un processus artistique individuel et collectif, à partir de lieux chargés de sens pour les Anicinabek. C’est un espace de guérison, de cicatrisation par l’art.
Se déroulant sur plus d’une année, ce projet fut imaginé par Carmelle Adam, directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or. Il fut inspiré du travail de Sonia Robertson, artiste ilnue et art-thérapeute, également commissaire du projet, et de Karl Chevrier, artiste anicinabe qui s’inspire des aînés dans son travail. En plus de Karl, le projet regroupe quatre autres artistes professionnels du territoire anicinabe soit Virginia Pésémapéo Bordeleau peintre et écrivaine de la nation Crie, Kevin Papatie cinéaste anicinabe, Jacques Baril, sculpteur et Véronique Doucet, performeuse, tous deux Québécois.
D’abord, les artistes ont rencontré des aînés qui ont partagé des récits touchants et d’une grande intensité à propos de divers lieux signifiants pour eux. Ces lieux furent répertoriés et marqués sur une carte. Les artistes ont ensuite choisi chacun un lieu qui, à travers les récits des aînés, trouvait résonance en eux. Puis, ils ont élaboré des projets individuels, qu’ils ont partagés en groupe, selon les critères établis par la commissaire. Les projets devaient : sensibiliser les publics aux problématiques vécues par les Anicinabek; tenter de rapprocher les Algonquins des Abitibiens et Témiscamiens; être participatif et /ou rassembleur et mener à une guérison. Également, les artistes devaient réfléchir leur projet en fonction d’une exposition planifiée en juin 2018 au Centre d’exposition de Val-d’Or qui rendrait compte de l’œuvre, de son processus et de l’expérience vécue par l’artiste et les participants. Aki odehi s’inspire du fondement du Land art par son ancrage dans le territoire et l’idée de présenter les traces en galerie.
Des créations artistiques de diverses formes : poésie, performance, vidéo, action, installation, se sont inscrites dans le territoire anicinabe tout au long de l’été 2017. Les artistes sont allés à la rencontre de l’autre en poussant leurs limites, en sortant de leur zone de confort tant au niveau artistique que personnel. À travers l’art, ils portent un regard nouveau sur le passé, en ancrant dans le présent une nouvelle vision des événements, et ont ainsi permis la réparation, la cicatrisation, la guérison de certains êtres, de certaines relations et de certains lieux. Avec douceur et faisant preuve d’une générosité hors du commun, les artistes symbolisent et transforment des blessures profondes avec une grande beauté, ils rendent acceptable l’inacceptable. L’art devient ainsi un espace poétique de partage, de guérison, un espace de rencontre avec le territoire, avec l’autre, avec soi, comme il l’a toujours été pour les Premières Nations.
Cette exposition témoigne donc, à travers des traces vidéographiques, sonores, matérielles et photographiques, de ces rencontres éphémères mais puissantes, de ces moments de grande synchronicité, ces moments de présent, vivants et vrais, de cette reconnexion avec le territoire, de ce pas vers l’autre sans jugement et sans frein, de ce changement de perception qui permet enfin de voir l’autre comme ce qu’il est, un humain (ilnu).
ARTISTES / Projets
VIRGINIA PESEMAPEO BORDELEAU
Poésie en marche pour Sindy
Virginia Pésémapéo Bordeleau s’est lancée à la recherche de l’esprit de Sindy Ruperthouse, cette femme anicinabe disparue depuis avril 2014. Elle a tenté d’apporter un réconfort aux membres de la famille de Sindy qui se sentent seuls dans cette épreuve. Elle a évoqué l’esprit de Sindy en écrivant son nom avec des semences dans divers lieux de la ville de Val-d’Or. Virginia a aussi fait deux marches qui comprenaient des stations où des textes poétiques écrits pour Sindy étaient lus. Elle a, sans préméditation aucune, programmé le premier « Poésie en marche » aux débuts des audiences publiques de la Commission Viens sur les relations avec les autochtones et certains services publics à Val-d’Or. À ces marches ont participé le maire de la Ville de Val-d’Or, la directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, des policiers et les parents de Sindy. Tous marchaient ensemble pour Sindy, malgré les tensions entre les groupes. Seul l’art rend cela possible.

KARL CHEVRIER
Avec l’aide de quelques membres de sa communauté de Timiskaming First Nation, Karl Chevrier a réécrit l’histoire, l’histoire des pensionnats, des enfants arrachés aux familles, de la perte de la culture. Avec « Run and Hide » une action filmée, il s’est réapproprié son pouvoir personnel à travers sa spiritualité et sa culture. Karl a offert un espace de guérison à sa communauté en transformant le passé dans un jeu de rôle où les enfants se sauvent pour ainsi survivre à l’horreur subie sur plus de 100 ans. Il a investi un lieu sacré, la forêt enchantée, sur le site du Fort Témiscamingue, où son peuple a vécu, et où se sont succédées des communautés tant Anicinabek que québécoise. Par ce lieu, il a retrouvé une paix et la force d’exprimer sa culture et son essence. Son action fut filmée afin d’être partagée en galerie et dans sa communauté. Plus à l’aise de s’exprimer à travers la sculpture, Karl s’est initié, par cette œuvre, à la performance et à la vidéo, ce qui correspondait au besoin de l’œuvre.
JACQUES BARIL
Les sept feux
Autour de son projet « Les sept feux », Jacques Baril a rassemblé les gens de son village de Gallichan et les Anicinabek de Pikogan à la pointe Apitipik, ce lieu où les Anicinabek et les abitibiens ont entretenu une relation de paix autrefois. Cette relation s’est effritée avec la colonisation et l’établissement des réserves. Ce lieu qui se situe près de chez lui, l’a toujours interpellé. Jacques a fait participer les gens des deux communautés en alternance pour peindre les sept toiles qui composent les colonnes. Il a ensuite rassemblé tout le monde devant l’église de Gallichan où il avait installé son œuvre. De là, en une manœuvre artistique, les gens l’ont aidé à transporter l’œuvre par bateau jusqu’à la Pointe guidé par le Chef de Pikogan. Les sept colonnes placées en cercle dans l’eau ont été immolées afin de purifier le lieu et les relations entre les deux peuples pour ainsi revenir à l’essentiel, à la force du territoire et à l’esprit d’entraide.
VÉRONIQUE DOUCET
Territoire cosmétique à (re)coudre
Véronique Doucet fait un lien entre Femme et Terre. Toutes deux furent abusées par l’homme et la société patriarcale. La terre est aussi une femme, la plus grande des mères. Dans Territoire cosmétique à (re) coudre, elle a recueilli des témoignages de femmes abusées par l’entremise d’une collecte de bas esseulés qu’elle a cousus comme on fait une courte pointe, pour former un tipi-jupe. Cette représentation du féminin devient une féminité protégée, un abri pour femmes. Elle se centre sur le lien avec le geste de recoudre, de réparer et de faire, à petit pas quelque chose de grand qui abrite. Elle a ainsi raccommodé l’histoire, les récits de femmes abusées. Pour le solstice d’été, elle s’est juchée au haut de ce tipi-jupe et s’est elle-même isolée dans le territoire au Lac Barrière durant trois jours et trois nuits où elle a transmuté la souffrance des femmes en la remettant à la terre, guérissant sur sept générations les femmes de sa lignée et toutes les autres. Un geste d’une grande générosité. Un espace revivifié.
KEVIN PAPATIE
Otipi
Plusieurs parcelles de territoires, certains très importants, tels des cimetières anicinabek, furent submergés sans grande considération. À partir de son territoire, Kitcisakik, au réservoir Dozois, inondé pour fournir de l’électricité aux gens du sud alors que sa communauté doit utiliser des génératrices pour s’éclairer, Kevin Papatie nous parle de perte de territoire, de déracinement et de déculturation. Avec Otipi, il s’est initié à l’installation et à la performance. Cinéaste de grand talent, il a conçu sa performance comme une trame narrative en sept tableaux, qu’il a réalisée dans son installation. Cette dernière fut placée à la source Gabriel symbolisant les débuts de l’établissement de Val-d’Or. Elle est constituée de souches prélevées au printemps, avant la montée des eaux, le moment où l’on voit la dévastation. Ce réservoir est le lieu où les gens de sa communauté vivent même s‘ils n’ont pas les services, ni le statut officiel de réserve comme les autres communautés reconnues par la Loi sur les indiens. Avec cette performance, Kevin a revécu les blessures de son passé qu’il a transmutées par l’art, un geste de résilience.
Ce projet a remporté le prix d’excellence dans sa catégorie de la société des Musées Québécois en 2019
Texte de Julie Graff sur Aki Odehi
https://www.erudit.org/fr/revues/racar/2019-v44-n1-racar04766/1062158ar/
Chronique sur Aki odehi Radio-Canada
http://www.indicebohemien.org/articles/2018/05/aki-odehi-la-guerison-par-le-territoire
TRAVERSÉE MANIFESTE POUR UNE ALLIANCE
Artistes : Julie GAGNON-BOND, Tania JOURDAIN et Vicky TREMBLAY
Commissaire : Sonia Robertson, 2016
Autour de la Cartomancie du territoire, un texte de Philippe Ducros
Contexte
Traversée manifeste pour une alliance est une œuvre installative réalisée lors d’une résidence de création de trois jours autour de la Cartomancie du territoire, un texte de Philippe Ducros. Ce texte se présente sous forme de carnet de voyage et porte une réflexion sur la relation avec les Premières Nations. La résidence avait pour but de provoquer une rencontre entre artistes provenant de lieux voisins, Tania Jourdain de Mashteuiatsh, Julie Gagnon-Bond de Saint-Prime et Vicky Tremblay de Roberval, afin de se connaître à travers la création artistique et ainsi, mieux se comprendre. Lors de rencontres préparatoires, les artistes ont choisi six grands thèmes à explorer tant dans leur aspect négatif que positif.
- Réserve «indienne» : Interdit / Kuei
traversée - Préjugés : Racisme / Unité
- Éducation : Pensionnat / Réécrire l’histoire (résilience)
- Langue : Silence / Communication
- Femme : Viol, patriarcat / Féminité sacrée
- Ressources : Pillage / Enfant de la Terre
- Réflexion
Pour cette installation, les artistes proposent un parcours qui présente d’abord la situation du passé, nous mène à la réflexion, puis pose un regard d’espoir et d’ouverture vers l’avenir pour le trajet du retour. Les artistes invitent les visiteurs à faire leur propre réflexion tout en participant à l’œuvre. Il suffit de piger une phrase tirée du texte de La Cartomancie du territoire et d’inscrire à l’endos une phrase ou un mot de réconciliation pour ensuite l’épingler sur une toile.
TIPATSHIMUN : À L’ART, À LA CRÉATION
Ce projet rend hommage à ce que nous sommes. La créativité nous a permis de survivre jusqu’à ce jour. Elle est notamment visible dans les outils et les objets adaptés à notre environnement. Au sein de cette exposition, notre créativité s’exprime également à travers l’accomplissement artistique, qui devient ici l’exutoire d’un passé trop lourd.
Durant neuf mois, Thérèse Siméon, Albertine Germain, Édouard Germain, Madeleine Jourdain et Mariette Étienne ont échangé et créé. Ayant été séparés de leurs parents et de leur culture étant plus jeunes, les artistes ont souhaité mettre en valeur le territoire et le mode de vie traditionnel toujours vivant des Ilnuatsh. C’est ici le fruit de ces rencontres qu’ils partagent avec vous.
Artistes
Thérèse Siméon, Albertine Germain, Édouard Germain, Madeleine Jourdain, Mariette Étienne
Sonia Robertson, commissaire, Novembre 2013
Événements
FESTIVAL DE CONTES ET LÉGENDES ATALUKAN
Direction artistique et coordination de 2011 à 2020, Kamishkak’Arts, Mashteuiatsh
QUE SOUFFLENT LES ESPRITS, Symposium d’art-Nature / Land-art,
Artistes : Domingo Cineros, Edwige Leblanc, Eruoma Awashish et Sophie Kurtness.
Commissaire, Sonia Robertson, Kamishkak’Arts, Mashteuiatsh, 2018
RENAITRE,
2 symposiums de land-art – Québec/Mexique –
Fondation Diane Robertson, Mashteuiatsh,
Commissaire,
2013 /2014
Artistes : Nadia Myre, Sophie Kurtness,
Guillermina Ortega, Santiego Sermiente, Run Tubercio
Renaitre, film de Michel Boissonneault
NISHK E TSHITAPMUK, Symposium de land art hommage à Diane Robertson, Mashteuiatsh, Canada, Commissaire, 1994
Chargée de projet
SHEUEU : Écho de nos chants, contes et légendes, rend hommage à la tradition orale des Pekuakamiulnuatsh. Mai 2015
Créé dans l’urgence de recueillir les traces de notre histoire auprès des porteurs, nos ainés qui nous quittent un à un, ce projet répond tant aux besoins des jeunes de la communauté d’avoir accès à des récits et chants traditionnels, qu’à la sauvegarde de notre culture.
L’oralité est le mode de transmission le plus ancien chez les Ilnuatsh. Traditionnellement les histoires étaient communiquées par les ainés, en forêt, sous la tente, afin de donner des enseignements aux jeunes sur la vie en territoire, la chasse, l’origine des choses, le respect de toute forme de vie, les savoir-faire et les valeurs. Aujourd’hui, les contes sont diffusés de façon restreinte d’une génération à l’autre et plusieurs récits se sont perdus suite aux conséquences des pensionnats et du changement du mode de vie.
Les récits et chants mis en valeurs ici ont été recueillis auprès des membres de la communauté de tous âges et de diverses familles ou prélevés des archives. Ils sont soit traditionnels ou contemporains et comptent plusieurs versions selon les familles. Ils reflètent également les origines diverses des Pekuakamiulnuatsh, qui ont accueilli parmi eux des familles de toute provenance. Parmi les récits et les chants présentés ici, on retrouve des tipatshimuna (récit de vie) qui nous révèlent des tranches de vie en forêt ou même d’ici dans le village, parfois teintés d’éléments que l’on peut qualifier de surnaturels ou de personnages légendaires tel Uihtaku (Wendigo). D’autres apportent des explications sur la façon dont les choses se sont engendrées ou sur la création du monde. On les appelle ataluhkana.
La forêt livre ici à travers notre parole, celle des Pekuakamiulnuatsh, toute la richesse de notre culture. Les arbres-canots offrent un voyage dans l’imaginaire, le mode de vie et les croyances ilnues. Ataluhkana (mythes), tipatshimuna (récits de vie) et nikamuna (chants) ont parcouru le territoire et le temps jusqu’à nos jours pour faire résonner notre histoire tel un écho dans nuhtshimihtsh (la forêt).
Exposition permanente L’ESPRIT DU PEKUAKAMIULNU au Musée amérindien de Mashteuiatsh, 2005. Approche participative avec la collectivité 130 personnes de la communauté ont participé à cette exposition dont 30 artistes et artisans.
Prix d’excellence de la Société des Musées Québécois (SMQ) en 2007.
Exposition permanente vivante, NUHTSHIMIHTSH / DANS LA FORÊT, végétaux utilisés par les Ilnuatsh selon quatre thèmes, se nourrir, s’abriter, se déplacer et se soigner. Musée amérindien de Mashteuiatsh, 2006.